Lors de la Journée Mondiale des Enseignants (JME 2025), le CEFAN a présenté aux candidats à la Présidentielle 2025 l’importance d’intégrer dans leurs projets de société l'augmentation du financement de l'éducation.
Plusieurs candidats à l’élection présidentielle représentés, des acteurs de la société civile engagés, des syndicalistes du secteur de l’éducation et des partenaires au développement présents, mais surtout de nombreux membres de la Cameroon Education For All Network (CEFAN). C’est le tableau que l’on peut peindre à l’issue de la conférence-plaidoyer tenue le 4 octobre 2025 dans la capitale camerounaise, juste quelques heures avant la célébration de la 31e édition de la Journée mondiale des enseignants (JME).
Un bon prétexte que cette commémoration et surtout en cette période électorale au Cameroun. Tous les ingrédients étaient en effet savamment concoctés pour faire de cette conférence un grand moment d’échanges entre ceux qui aspirent à la magistrature suprême du pays, et ceux qui travaillent au quotidien pour que l’un des droits les plus fondamentaux soit un fait.
Financer davantage l’éducation
Et pour lancer ces importants échanges, qui mieux que la Présidente du conseil d’administration du CEFAN ? Dans son mot de circonstance, Marie-Noëlle Pauline Edith Etobe n’a pas manqué de rappeler le contexte dans lequel se déroulait la conférence-plaidoyer, revenant au passage sur les conditions des enseignants qui ne sont pas des plus reluisantes au Cameroun, et même de l’école en général qui ne se porte pas mieux. Une manière surtout pour elle de faire passer le plaidoyer du CEFAN auprès des présidentiables afin qu’ils intègrent dans leurs projets de société la nécessité de financer davantage et avec efficacité l’éducation camerounaise. Elle a rappelé que lors de rencontres internationales, le gouvernement avait pris l’engagement de financer à au moins 6% du PIB le système éducatif du pays, ou encore de réserver au minimum 20% du budget de l’Etat à l’éducation.
Il ne manquait plus qu’aux représentants des candidats à la Présidentielle 2025 de porter à l’attention du public ce qu’ils comptent faire pour améliorer le secteur éducatif camerounais, s’ils arrivent à la magistrature suprême. Modéré par Thobie Emmanuel Mbassi, le premier panel a vu les interventions des représentants de Pierre Kwemo et Serge Espoir Matomba, respectivement candidats pour l’Union des Mouvements Socialistes (UMS) et le Parti Uni pour la Révolution Sociale (PURS).
UMS : mettre à disposition les ressources nationales
Michel Siadjeu, porte-parole du candidat de l’UMS a souligné que le parti politique pour lequel il milite œuvre pour une éducation pour tous et ambitionne de réduire les inégalités dans ce domaine. Plus clairement, cette formation politique entend faire de l’éducation un droit inaliénable pour tous les enfants et jeunes camerounais, et doter le pays d’une société au sein de laquelle filles et garçons ont accès à une éducation de qualité, partout où ils se trouvent. S’agissant du financement, le représentant de l’UMS rassure que son candidat mettra à disposition les ressources nationales à travers une gestion transparente, rationnelle et équitable.
PURS : financement à travers de nouvelles niches fiscales
Le représentant du PURS est quasiment allé dans le même sens, au sujet du financement de l’éducation. Bruno Lombo Ebalo indique que le financement de l’éducation peut se faire à travers de nouvelles niches de recettes, comme la taxation des produits manufacturés, la taxation à l’unité de vente des ressources naturelles. Le représentant de Serge Espoir Matomba informe surtout que ce dernier compte s’appuyer sur certains piliers spécifiques pour redéfinir le système scolaire au Cameroun. Il est en effet question, pour le PURS, de repenser les programmes scolaires afin qu’ils reflètent l’histoire, les valeurs et aspirations camerounaises ; de mettre à niveau le calendrier scolaire ; de créer quatre universités techniques et professionnelles ; et de décentraliser la gestion de l’éducation, entre autres.
FDC : gratuité totale de l’enseignement primaire
Un projet éducatif ambitieux, tout comme celui déroulé par Joseph Ayangma, représentant du Front des Démocrates Camerounais (FDC), dont Samuel Iyodi Hiram est le candidat. Le second panel a en effet permis d’avoir un aperçu de la vision éducative du plus jeune présidentiable parmi les 12. Son représentant a mis en exergue les douze clés qui font partie de son programme de société. Et sur ces clés, deux sont entièrement axées sur l’éducation, a-t-il indiqué. Joseph Ayangma renseigne que le candidat Samuel Iyodi Hiram souhaite également normaliser le calendrier scolaire. Cependant, il souligne sa volonté de rendre l’enseignement primaire totalement gratuit au Cameroun, s’il devient le nouveau président de la République.
UDC : scolarisation gratuite et obligatoire pour tous
Quant à l’Union Démocratique du Cameroun (UDC), qui présente l’unique candidate à cette élection, elle a aussi de grandes ambitions pour le pays en matière d’éducation. Njoya Ibrahim Moubarack, son représentant à la conférence-plaidoyer du CEFAN, renseigne que Patricia Hermine Tomaino Ndam Njoya compte s’appesantir sur des axes importants avec sept points clés comme solutions palliatives aux problèmes qui minent le système éducatif au Cameroun. De manière concrète, la candidate de l’UDC a pour ambition de : rendre la scolarisation gratuite et obligatoire sans distinction de genre (filles et garçons) ; de s’engager à lutter contre l’exploitation abusive des enfants ; de dire non au travail des enfants ; de promouvoir les langues maternelles ; de développer massivement la formation technique ; de réviser le statut de l’enseignant ; de supprimer les droits universitaires qui, selon elle, ne servent pas les intérêts des étudiants ; de réinstaurer des bourses d’excellence à différents niveaux de l’éducation, etc.
Suivi des engagements
Nonobstant les candidats qui ne se sont pas fait représenter, la conférence-plaidoyer du CEFAN aura donc porté des fruits. Non seulement elle a permis aux candidats de présenter leurs projets de société pour l’éducation au Cameroun, elle également été une occasion pour l’ONG de droit camerounais de mettre l’accent sur la nécessité d’un relèvement substantiel des financements alloués à ce secteur. La Journée mondiale des enseignants 2025, dont le thème était « Redéfinir l’enseignement comme une profession de collaboration », aura permis au CEFAN de veiller à ce que les programmes politiques des candidats à la Présidentielle du 12 octobre 2025, intègrent les préoccupations de la société civile en matière d’éducation. Il était également question de suivre les engagements du gouvernement relatifs à la grève des enseignants de 2022 au Cameroun.
De manière concrète, comme l’explique le Conseiller général du CEFAN, « nous attendons du prochain président qu’il résolve trois principaux problèmes. Financement adéquat de l’éducation, c’est-à-dire 20 à 22% du budget, 6% du PIB, gratuité du préscolaire, et enfin la prise en charge des enfants avec des besoins spécifiques ». Et Thobie Emmanuel Mbassi Ondoua de conclure à ce sujet : « il n’est pas normal qu’on dise que l’école primaire est gratuite, mais le préscolaire, lui, ne soit pas gratuit. Donc, il faut être cohérent et que la gratuité commence à la base, qui est le préscolaire, et s’achève même à la fin du premier cycle secondaire, comme le prévoit l’ODD4. Ça fait qu’on est sûr que beaucoup d’enfants iront à l’école, parce que l’argent constitue la principale barrière ».